Depuis les multiples reportages sur les scandales et le business du sexe à Marrakech, les autorités veulent protéger l’image du joyau de la couronne marocaine. Cet été, une vague de répression s’est abattue sur la ville. L’envoyé spécial du Gri-Gri est parti enquêter là où tout n’est que dirhams, prostitution et rafles policières ! Ah qu’elle sont jolies les petites "Marrakchies", ah qu’elles sont jolies les filles de boîtes de nuit... et chères aussi, pestent quelques-uns ! Normal, elles font désormais payer le risque qu’elles courent, la nuit venue, dans les discothèques et les bars de Guéliz, le quartier chic de Marrakech. Depuis le début de l’été, les policiers font du zèle. Secoués par l’arrivée d’un nouveau Waly (délégué du roi) et les scandales pédophiles et sexuels (voir pp 2-3) qui éclaboussent l’immaculée réputation de la ville bénie par le Roi et Bernard-Henri Lévy, ils raflent à cœur joie à la sortie des boîtes et des lieux branchés. Le business du sexe, pointé du doigt par les médias marocains et français, a en effet entraîné depuis juillet une violente réaction de la part des autorités marocaines. "En 12 ans, c’est la première fois que je vois des arrestations de cette ampleur. Ils exagèrent, regrette Stéphane, un Français qui gère le Diamant Noir (club où se nouent de nombreuses rencontres entre jeunes Marocain(e)s et vieux touristes esseulés). Les filles ont peur de sortir, beaucoup de nos habituées ont déserté... d’autres les ont remplacées." Selon les informations du Gri-Gri, que les policiers marocains refusent de commenter, 200 filles auraient été arrêtées en juillet à Marrakech. |
Prostituées ou pas, hommes ou femmes... qu’importe ! Au poste ! Qui plus est s’ils sortent d’un lieu où l’on vend de l’alcool. À défaut de flagrant délit de racolage, les arrestations se font au prétexte de la vente d’alcool, officiellement prohibée. Article 1 du Code des boissons, "La vente d’alcool à un musulman est interdite" ! Au pire, la police joue sur la peur de la hachouma, la "honte"… Un préservatif dans le sac ou un défaut de papier suffisent à gagner un séjour au très hospitalier commissariat central. Tarifs confirmés au Gri-Gri par quelques filles raflées : 72 heures de cabane, insultes et coups compris - le temps des aveux -, 500 dirhams d’amende, puis 500 dirhams au tribunal, afin que rien ne soit inscrit à son dossier (1 euro = environ 10 dirhams, NDLR). Les intègres cerbères marrakchis ne transigent qu’à la vue d’un billet, seule échappatoire à la case prison. Avec la peopolisation de Marrakech, ses riads, son festival de cinéma, sa masse de touristes, la prostitution et l’alcool ont désormais pignon sur rue. Et attirent devises et l’éternelle faune en quête de dirhams. Pour protéger la réputation de la ville-phare du Maroc et calmer les journaux prompts à titrer sur "Marrakech, cité de tous les vices" (Maroc Hebdo International du 1er juillet, avec photo de couple se tenant la main en une !), le pouvoir devait marquer le coup. D’où la vague de rafles policières et la volonté de faire un exemple. |